L’exposition de photographies intitulée : « En Royal Enfield sur le toit du monde »

samedi 20 juin 2009
De plus, un temps fort pour cette exposition se tiendra le Samedi 20 Juin 2009 à 14 heures, où sera presenté une rencontre avec les voyageurs !

Des motards à la rencontre de deux mythes

Août 2008. Une équipe de passionnés de motos réalisent un double rêve : enfourcher la Royal Enfield, la mythique 500 cm3 « Bullet », une machine anglaise inchangée depuis un demi siècle, une moto culte toujours produite à Madras, encore plus respectée en Inde qu’une vache sacrée ; l’enfourcher et la piloter jusqu’aux contreforts de l’Himalaya, sur les pistes du Ladakh, les plus hautes du monde à l’effrayante beauté.

Deux semaines et 1 500 Km à naviguer entre 4000 et 5000 mètres d’altitude. Eric, Francis, René, Michel et les autres ont pris ces photos entre ciel et terre, brouillard et blizzard, boue et poussière. Ils vous les proposent ici, en souhaitant faire partager leur émotion face à une nature brutale et démesurée, hostile et splendide.

L’image ne restitue pas le halètement grave du gros monocylindre, ni le silence glacial de la montagne lorsque se tait le moteur. Elle ne dit rien de la rencontre au détour d’une « blind curve », avec l’un de ces camions Tata démoniaques, crachant un nuage noir comme le calamar des grands fonds, sans doute pour mieux disparaître dans un repli de la vallée ; nuage qui, non content de l’aveugler, asphyxie le motard déjà en quête d’oxygène.

L’image, tout au plus, souligne l’incongruité de ces engins dérisoires, perdus au milieu des déserts des hauteurs, seulement rattachés au monde des vivants par le fil ténu d’une piste qui louvoie, presque invisible. Elle montre la rudesse de la piste, ses virages insensés, ses dénivelés démentiels, et laisse ainsi deviner des effrois jamais avoués.

Nos motards partagent cette certitude que, redescendus du Kardung-la, ils ne sont plus tout à fait les mêmes. Au terme d’une centaine de lacets aléatoires parmi les nuages glacés, ils se retrouvent sur le col là-haut à portée de la Chine, à 5600 mètres d’altitude, abasourdis de tant de splendeur, sans voix et sans force dans le silence ouaté, suffocants d’une altitude qui pèse et meurtrit. Ils vous le diront, la descente vers la vallée de Leh-la verte est une re-naissance, comme le retour euphorique d’un enfer gelé et merveilleux.

Michel Froget