Essai Royal Enfield Classic

Cela ne peut pas être simple et anodin pour cette nouvelle Royal Enfield de porter dignement le flambeau de la formidable lignée des Bullet apparue en 1948, sans risquer de décevoir. Avec son éducation à l'Anglaise, la Royal Enfield Classic déploie un charme indéniable et immédiat avec son réservoir aux flancs crèmes et ses logos peints en rouge, ses carters spécifiques, ses garde-boues enveloppants peints, sans oublier son phare caréné. 

Après avoir fait le tour de la moto, sans pouvoir parler (l'émotion, quoi !) je me décide à l'enfourcher en la dé-béquillant. Surprise, bonne surprise, la moto est basse et légère. Un vrai vélo qui nous change de certaines motos actuelles beaucoup trop lourdes. Les pieds reposent un peu en avant, mais en contre partie, les jambes sont bien à l'équerre, ce qui s'avère très confortable. 

Faisons le tour du propriétaire :

La ligne de la moto est résolument typée 1950, et là, Royal Enfield n'a pas eu à engager une équipe de Designers branchés, mais simplement à puiser dans ses archives. Si on compare notre Royal Enfield Classic 2009, aux photos du modèle apparut en 1951, c'est pratiquement la même, et je ne suis pas sur de pouvoir retrouver « les 7 erreurs » ! 

Le néophyte ne verra pas la différence, et d'ailleurs, à plusieurs reprises, en me stationnant ou simplement arrêté à un feu rouge, j'ai été félicité pour cette magnifique restauration ! 

L'œil averti du motard passionné (pléonasme !) remarquera rapidement le frein à disque à l'avant et les amortisseurs à gaz à l'arrière. Ensuite, au deuxième regard, lui apparaitra le nouveau bloc moteur-boîte en une seule pièce, puis l'injection électronique et la sonde lambda qui trahit la présence d'un pot catalytique. Nul doute n'est maintenant possible, cette moto est moderne et dotée des technologies actuelles. 

Si la Royal Enfield Classic est disponible en 3 coloris, c'est indiscutablement la bleue turquoise qui est la plus années 50, la plus « tendance » en somme. Merci à Royal Enfield de savoir oser proposer une telle couleur qui nous rappelle qu'avant, les motos n'étaient que rarement noire ! Et oui ! En tout cas, au guidon de la Classic bleue, c'est le succès assuré. 

La rouge (presque Bordeaux) et la noire sont définitivement très classe et il est bien difficile de choisir entre les deux. Si je le pouvais, je prendrai les deux: la noire pour la semaine et la rouge pour le dimanche. Mais bon, trêve de bavardage, et passons à l'essai proprement dit. 

Assis sur la moto, les pieds bien à plat au sol, on est tout de suite en confiance. Les reposes pieds sont un peu en avant, mais c'est finalement très confortable. Au tableau de bord, je tourne la clé de contact près de l'unique compteur de vitesse et je cherche le kick.... qui est absent et remplacé par un démarreur électrique.... Je presse donc le bouton et le moteur démarre immédiatement. Sans starter, sans effort. Très vite le ralenti est stable et la mécanique immédiatement exemple de bruit parasite. Le Poum-Poum sourd et profond, quoiqu'un peu discret du Gromono est bien là. 

Il est certain que les poussoirs hydrauliques des tiges de culbuteur opèrent « en silence » et témoigne des très nombreuses améliorations apportées sur le modèle phare de la gamme. 

Démarrage en douceur et en souplesse. Le couple est immédiatement présent, et c'est bien là que cela se passe. La poussée est franche et très agréable, la souplesse est réelle et la moto reprend sans hésiter aux plus bas régimes. Le moteur vit, plutôt qu'il ne vibre. En tout cas les vibrations ne gène pas le plaisir de conduire. C'est à l'arrêt au feu rouge, et au point mort, quand on fixe le rond rouge lumineux du feu, que l'on se rend compte des vibrations effectives du moteur: impossible de voir un rond rouge net ! Rigolo ! 

La sortie de Levallois-Perret par les berges de la seine me fait traverser le bois de Boulogne et arriver rapidement au pont de sèvres. Je prend la 118 direction Arapajon et ses environs via les Ulis. 30 minutes plus tard, je me retrouve sur les petites routes de campagnes qui tournent, montent et descendent, traversent des petits villages aux églises aux clochers pointus, traversent les pleines et les bois. Un pur plaisir. Un vrai bonheur. 

Dans ces conditions la moto est parfaite. Elle tient la route, et freine très bien. Tout juste la selle est un peu ferme, mais c'est probablement parce que la moto n'affiche que 500 kilomètres au compteur. Elle est neuve et il faut la rôder. 

Un Gromono sera toujours un Gromono, et il ne faut pas qu'il force. Hauts régimes interdits, de même que les trop bas régimes. Il faut que cela enroule. Que cela ne force pas. Quel plaisir sur ces petites routes qui sentent bon l'été. 

Bien sur cette moto est trop neuve pour la tester complètement et notamment à des vitesses plus élevées. Mais tout est là, cette moto, c'est une moto plaisir faite pour flâner et profiter du temps qui passe. C'est une moto de départementales et elle est faite pour le voyage. Pas pour un « Paris / la Normandie » en une heure 30, mais pour un « Paris / La Normandie » en 4 heures, pas moins ! Le voyage démarre dans ces conditions. Il faut en profiter, et nul doute que cette Royal Enfield Classic est alors la moto idéale. 

Mais il me faut déjà rentrer. Déjà 150 kilomètres de plus au compteur. Je reviens par la Porte d'Orléans ce qui me fait traverser tout Paris pour la déposer à Levallois chez Tendance Roadster. Et là c'est la révélation: je suis le roi du bitume tant cette moto est légère, coupleuse, bref simplement efficace. Et sans forcer, en plus ! Une moto de tous les jours qui va égayer mon quotidien, car c'est décidé cette moto... il me la faut ! 

Signé John S. PATS.