ROYAL ENFIELD Interceptor 650, Essai sur 20,000 kms
16 Mai 2019 : Livraison de ma ROYAL ENFIELD Interceptor1ère partie, les 10.000 premiers kilomètres
Jamais attente n'a été aussi longue pour recevoir cette moto. Sa première présentation au salon de Milan en Novembre 2017 laissait prévoir une commercialisation annoncée pour le printemps 2018. Date 100 fois reportée !
Puis en Septembre 2018, ce fut le lancement en Californie et en grande pompe devant toute la presse internationale. Comptes-rendus dithyrambiques, et chacun de remarquer à quel point la moto était facile à piloter, avec du couple, un excellent freinage et une tenue de route parfaite !
L'impatience gagne très nettement. Les premières livraisons sont annoncées pour Décembre 2018. Mais, ce ne sera pas pour 2018 : nième report. Mars 2019 semble être la bonne date et en Janvier, c'est décidé je passe commande avec un chèque à l'appui. Les prix annoncés sont inférieurs aux meilleurs pronostiques. 6,495 € pour une Interceptor Orange Crush dans le plus pur style Californien des années 70s.
Bref, ce ne sera que fin Mai 2019 que je prendrai possession de mon Interceptor Chrome, heureux que je suis, les livraisons étant erratiques et surtout mon inscription à la TransAlpes 2019 ne pouvant pas être repoussée ! Je dispose d'un mois avant le départ, il me faut roder la moto au mieux et faire sa première révision avant le grand jour.
Je ne vais pas répéter ici tout ce qui a été écrit dans la Presse, mais il faut reconnaître que mes premiers 900 kms ont été à la hauteur de toutes mes espérances. Cette moto a un moteur de caractère avec du couple et ses reprises sont vigoureuses. Elle ne vibre pas du tout, elle tient la route, freine très bien. Quant à sa boîte de vitesses c'est une merveille d'onctuosité. Le rodage c'est important et rapidement, à plusieurs reprises, ce sont les petites routes du Vexin qui ont accueillis ces premiers kilomètres. Virages, montées et descentes, changement de rapports fréquents sans jamais dépasser 4,000 tours par minute, sans jamais reprendre à un régime trop bas pour éviter toute peine à ce moteur enthousiaste.
Au fait, à 4,000 t/mn, cela donne 100 kilomètres par heure au compteur. Le régime maxi est à 7,500 t/mn. Le moteur ronronne à 4,000 t/mn, mais j'ai l'impression qu'elle « tire un peu court » pour une utilisation routière à allure modérée. En effet, souvent j'ai cherché à passer un rapport supérieur alors que j'étais déjà en sixième. Nous verrons cela plus tard, une fois le moteur libéré.
3 semaines plus tard, vers 900 kms, c'est la première révision. Vidange, changement du filtre à huile et surtout, réglage du jeu aux soupapes. Ce réglage est fondamental, car si ce moteur est strictement moderne avec son arbre à cames en tête et ses 4 soupapes par cylindre, le réglage du jeu aux soupapes se fait par écrou et contre-écrou. C'est simple et la portée de tout mécanicien moto. Pas besoin de posséder tout un jeu de pastilles ad hoc. C'est un plus pour qui veut voyager loin car la technique est connue de tous, depuis des lustres. Un bon point, mais qui demande des contrôles plus réguliers (tous les 10,000 kms par exemple).
Jeudi 27 Juin 2017, départ vers Nice . Le rendez-vous est fixé porte d'Italie vers 15 h 30, et il fait une chaleur caniculaire ce jour-là. Le groupe se forme et l'Interceptor accompagne 4 Triumph Bonneville.
Les cousines Anglaises sont dans la force de l'âge, bien rodées et pilotées par des motards avertis. L'Interceptor, plus jeune, ne se laisse pas impressionner pour autant et la sortie de Paris pour rejoindre l'autoroute du soleil se fait sans problème malgré cette chaleur de plomb. Ma position dans ce mini cortège est juste derrière « le chef de la bande ». La méfiance doublée d'un peu de surprise face à cette nouvelle venue en est probablement la cause. Que vaut cette Interceptor ? « Gardons là en vue et veillons sur son comportement », semble penser notre meneur aguerri aux longs trips à moto. Il faut dire que sa 900 Bonneville avec son look de vraie baroudeuse, avec ses pots scrambler, impressionne. Au revoir Paris, bonjour l'autoroute mais pas longtemps, c'est promis. Tant mieux car je suis quand même en période de rodage et j'aimerai pas trop forcer sur le moteur en mode continu. Heureusement, il fait tellement chaud que personne n'en a envie et les 120 kms d'autoroute sont effectués à une allure proche d'une bande d'Harley sur la route 66 plutôt que de café racers en mal de sensations fortes dans une banlieue anglaise au climat poisseux.
Nitry. Sortie de l'autoroute. La tentation de quitter le blouson est forte, mais nous résistons tous. Et hop, petites routes de Bourgogne, sinueuses et odoriférantes, avec un arrêt menthe à l'eau, ou café, à la terrasse d'un ancien relais, face à l'ancienne épicerie qui n'a pas dû ouvrir depuis ces 20 dernières années. Le calme est absolu. Il faut dire que cette chape caniculaire est de plomb. Vivement notre halte à Saulieu, il paraît que la piscine de l'hôtel est très agréable.
Je note que dans ces conditions de roulage paisible sur petites routes, la consommation n'est que de 3 litres aux cent ! Sans être radin, cela fait plaisir quand même. Ce n'est qu'une 650 et non pas une 900 ou même une 1200, et le bénéfice du « downsizing » par rapport aux Bonneville en présence se paie, ici, au comptant pour un plaisir de conduite strictement équivalent :-)
Le lendemain, nous reprenons la route, mais celle que l'on appelle « route de traverse » qui nous fait traverser la Bourgogne, le Maconnais, le Vercors pour une halte à Die. Que la France est belle, nous ne le dirons jamais assez. Je reconnais avoir été impressionné par les décors authentiques du Vercors et sa fraîcheur qui nous repose de cette journée sous le soleil, de tous les côtés au soleil exposé, comme le disait si bien un fabuliste renommé. l'Interceptor roule à merveille, enroule les petits virages sans effort, ne se laisse pas distancer dans les quelques rares lignes droites et me charme par sa souplesse, sa boite de vitesse onctueuse et sa tenue de route facile.
Le lendemain nous arrivons enfin à Nice après une incursion en Italie pour revenir par le col de la Lombarde et par Isola. Retour en ville par cette chaleur écrasante et ses feux qui passent systématiquement au rouge quand on arrive au carrefour.... Que ce contraste semble pesant après cette traversée de la France, en dehors du temps !
Le lendemain c'est le départ de la TransAlpes 2019. Au programme se seront 37 cols franchis en une semaine. Quel terrain de jeu extraordinaire pour notre Interceptor. Traversée du Mercantour, de la Vanoise, passage par le col de la Bonnette, de l'Izoard, du col de Vars, du Lautaret, de l'Iseran et de tant d'autres qui nous font passer par ces petites routes ouvertes que l'été, à la découverte de paysages si variés.
Paysages variés, certes, mais également conditions climatiques également bien variées. C'est la Montagne et son temps changeant. Il fait très chaud, et du coup, en milieu d'après-midi les orages se forment et éclatent en pluie « de dingue » comme dirait un Président bien connu.
Et puis comme ces pluies rafraîchissent sérieusement l'atmosphère nous aurons même droit à une tempête de grêle en passant le col du Lautaret vers Serre Chevalier. C'est une expérience à vivre : la descente du Lautaret, à 20 km/h sur une route blanche de grêle. Pauvre motard martyrisé par un bombardement de grêlons. Dans ce cas, une tenue d'été étanche mais légère n'est pas adaptée et transforme la simple balade en véritable aventure. Vive la moto !
Notre Interceptor avec sa ligne classique est passée presqu'inaperçue au milieu des 160 motos du rallye au milieu des 160 motos présentes, depuis une Triumph Trident aux BMW Ninety en passant par les 500 XT, BMW R75/5, Norton Commando et autres Moto Guzzi. Il faut dire que la ligne de la moto est simplement splendide et respecte à la perfection les critères des années 60s ou 70s. Elle est la digne descendante de l'école anglaise de ces années-là. Que ce soit une Norton, une BSA, une Triumph ou bien sur, une Royal Enfield .... c'est un bicylindre vertical avec ses carters moteurs qui épousent, au plus près, les pièces mécaniques qui y sont enfermées. Du côté gauche les designers ont été jusqu'à dessiner des carters où l'on pourrait croire, que la boîte de vitesse est séparée du moteur. Alors là, chapeau bas pour ce clin d'œil au passé, magnifiquement réalisé !
Mais revenons au sujet principal. Quel bilan après 10.000 kms parcourus pendant ces 6 premiers mois. Certes cette escapade Alpine a participé pour 3.900 kms, mais il en reste un peu plus de 6.000 pour livrer les premières impressions.
En ville, elle est si facile à piloter que l'on a l'impression de l'avoir toujours connue. Elle accélère bien et freine très bien et jamais elle ne surprendra par une réaction bizarre. Seul ou à deux sur la moto, le plaisir du pilote reste le même. En revanche pour le passager ce n'est pas exactement la même chose ! La faute en revient aux reposes pieds arrière placés bien trop en arrière et du coup, un peu trop haut, à cause de ces « énormes » silencieux.
Il existe une solution apportée par le marché avec des platines additionnelles qui avancent ces reposes pieds. L'essayer c'est immédiatement l'adopter. Sur ma moto, les silencieux en inox de Tendance Roadster permettent de baisser un peu plus la position des reposes pieds. Donc la solution existe, et pour pas cher en plus.
Sur les voies rapides, la moto est dans son élément, rien à dire. Peut-être que l'option Warning serait un plus, mais là encore le marché offre de nombreuses solutions adaptables.
Sur la route, à vitesse moyenne autour des 100 km/h, à de nombreuses reprises j'ai cherché à passer un 7éme rapport... qui n'existe pas. 100 Km/h autour de 4.000 trs/mn, l'impression de « mouliner » se fait sentir, et pour ma part je préfèrerai une démultiplication plus longue.
Sur autoroute, il est facile de rouler à 140 km/h au compteur, la moto ne vibre pas, les rétroviseurs sont clairs, mais le régime moteur est proche des 6.000 trs/mn.
C'est dit il me faut essayer de rallonger la démultiplication finale. Tendance Roadster me propose deux solutions : une dent de plus pour le pignon de sortie de boîte (en conservant la chaîne secondaire d'origine), ou bien deux dents de plus, avec une nouvelle chaîne plus longue. Je fais mes calculs et j'opte sans hésiter pour deux dents de plus.
Bilan, 100 km/h à 3.500 tours seulement et plus de 140 km/h à 5.000 tours. Cela donnerait 200 km/h à 7.000 tours, mais je ne suis pas certain que cela puisse être réellement possible... Ce qui ne me gêne pas du tout, et je n'aurais même pas envie d'essayer !
Cette moto reste à l'aise en ville malgré cet allongement de la démultiplication, tellement ce moteur est vigoureux à bas régimes. Pour ma part c'est parfait et les quelques trajets routiers deviennent vraiment plaisants et confortables « à mon oreille ».
10.000 kms de parcourus déjà et je ne m'en lasse pas. Cette moto fera date pour plusieurs raisons conjuguées : elle est simplement belle, elle est cohérente et, avec sa garantie de 3 ans, son prix est très bien placé. Le budget achat vous laisse de l'eau sous la quille pour lui apporter les quelques options que vous pouvez désirer. En cet hiver, par exemple, j'ai ajouté des manchons chauffants et un pare-brise. Ce n'est pas très beau, mais cela permet de passer l'hiver confortablement.
2éme partie de 10.000 à 20.000 Kilomètres :
En ce début 2020, la moto a donc 10.000 kms au compteur, l'hiver est là et la moto roule tous les jours avec son pare-brise protecteur et ses manchons chauffants. La révision des 10.000 kms s'est déroulé sans soucis particuliers, je jeu aux soupapes n'a pas bougé et l'huile moteur n'est pas complètement noire. Consommation d'huile : néant !
Je profite de cette révision pour changer ma monte de pneus d'origine pour la marque Avon. EN effet, j'ai remarqué que les Pirelli d'origine avaient tendance à suivre les raccords longitudinaux du bitume de la route. Il en résulte une impression de floue désagréable, plus que dangereux. Sinon, ils sont satisfaisants pour ma conduite que ce soit sur le sec ou le mouillé. Il faut dire que lorsque la route est mouillée, ma prudence peut paraître extrême pour certains !
En tout cas ces pneus AVON, sont insensibles à ces raccords et cela me convient vraiment bien.
16 Mai 2021 : Révision des 20.000 kms
La moto a tout juste deux ans et.... 20.000 kms. Utilisation quotidienne sauf pendant le confinement de 2020 où nous étions tous à l'arrêt. Mon road-Trip de l'été 2020 s'est fait avec une vieille BMW de 1984 pour un aller et retour en Grèce via les Alpes, la Toscane, le Piémont, à nouveau les Alpes, la Bourgogne..... (autre histoire).
Pas mal de route rapide, de ville, et en toute occasion la moto a été sans soucis. Je dirais même plus, que plus je l'utilise et plus je l'apprécie. Cette moto est définitivement facile et attachante.
La révision des 20.000 kms n'apporte aucun commentaire particulier. J'ai simplement demandé à changer mon huile de fourche pour une huile plus épaisse. Le résultat est probant, mais surtout, je pense que c'était à faire car l'huile d'origine était très dégradée. Je conseillerai fortement cette vidange de fourche.
Comme ma moto est équipée des pots Inox de tendance Roadster (un peu plus libres) j'ai donc fait remplacer mon filtre à air d'origine par un filtre DNA et il me semble que la moto respire beaucoup mieux. Les reprises sont encore plus franches.
Voilà, voilà. En résumé, c'est une excellente moto, très belle, très simple, très efficace et finalement très attachante. C'est toujours un plaisir pour moi de l'enfourcher et elle me rappelle un peu ma première BMW, une R60/6 que j'ai revendue à plus de 100.000 kms. Cette Interceptor est taillée dans la même matière : Une moto toujours prête à rouler sans histoire.
A bientôt
John SPATS